Le Suivi en continu va se terminer ici. Après un peu plus d’un mois de travail, il aura tenté de mettre en avant les nouvelles du front social et d’éviter une « déconnection » militante avec le cours des événements des dernières semaines. Nous n’arrêtons pas car tout va mieux et que la première vague est derrière nous, mais par manque de ressources et notamment la plus précieuse, la variable temps. Avec la réouverture prochaine du Silure vendredi prochain, une pesée d’intérêts implique l’arrêt de certaines activités chronophages.

Ce flux d’infos aura, nous l’espérons, permis de lutter contre un certain localisme politique qui perd de vue la situation d’ensemble, conséquence malheureuse du système fédéral de ce pays. Un regret est de ne pas avoir pu davantage parler du Tessin et des zones frontalières, par manque de temps et de contacts sur place. Le travail réalisé par les camarades français d’Acta.zone a été une inspiration directe et leur activité a été très soutenue durant ces deux mois. En comparant les deux rendus, un élément saute aux yeux: il y a eu bien moins de grèves, de révoltes carcérales et d’actions protestataires en Suisse. Des raisons historiques en sont la cause, mais plutôt que de se limiter aux moments les plus visibles, nous avons fait le choix de consigner aussi les prises de parole subalternes relayées dans la presse car l’expression est aussi une étape nécessaire à la construction d’une action commune. L’idée exprimée par George Jackson (1941-1971) lorsqu’il parle d’être « carnet et crayon à la main, pour essayer péniblement de déterminer ce que chacun peut faire pour la construction de la commune » (cité dans L’Assassinat de George Jackson, Groupe information prisons, Paris: Gallimard, 1971, p. 19) est toujours d’actualité. Mais elle devient plus exigeante à l’heure où la parenthèse de « journalisme social » dans (une partie de) la presse bourgeoise se referme, et que les appels aux sacrifices regagnent en visibilité. Enfin, précisons qu’il n’y a pas encore eu de travail de compilation systématique et complet des résistances sur le territoire suisse durant cette période, mais nous espérons que ce Suivi a pu donner quelques indications en ce sens.

Mercredi 13 mai

16h: Dans un article intitulé « La précarité accroît l’exposition au virus », la Tribune de Genève écrit : « Les personnes précaires sont ainsi 3,5 à 4,5 fois plus exposées au virus que la population globale du fait notamment de la promiscuité, mais aussi parce qu’elles accèdent difficilement au dépistage et qu’elles parviennent péniblement à respecter les règles d’isolement et de protection sanitaire. » S’il n’est pas inutile que le journal relaye ce type d’informations, ni que MSF et les HUG produisent des données sur le cas du Covid-19, rappelons qu’il ne s’agit pas là d’un scoop. Les mécanismes étaient déjà connus : dans diverses situations (logement, travail, accès à la santé), les personnes précaires en Suisse se voient imposer une promiscuité, doivent renoncer aux soins et subissent des inégalités d’accès à la prévention. A quand un changement de paradigme : on « découvre » à chaque fois la partie immergée de l’iceberg, la précarité et ses funestes conséquences, mais à quand une dénonciation des mécanismes qui les engendrent en vue d’y mettre fin ? (Source : Tribune de Genève)

9h: L’interdiction de se rassembler à plus de 5 personnes est-elle comptée? Alors qu’hier à Genève, un mineur s’est fait coffrer pour une action « 4m2 » (cf Le Courrier), des voix se font entendre dans les médias alémaniques pour la fin de cette interdiction. À Berne, Der Bund fait sa une et son édito sur le sujet. Le journal pense qu’il faut mieux avoir des manifs encadrées et négociées avec la police qu’une interdiction intenable sur le long terme. Le chef de la police Reto Nause est critiqué pour son zèle particulier à réprimer les rassemblements progressistes (1er mai et grève du climat). Même chose dans la NZZ qui prend aussi position contre l’interdiction des manifestations, tout arrive (lorsqu’on est mis sous pression) ! (source: La presse RTS La 1ère, Der Bund, Le Courrier, NZZ)

8h30: La plupart des prisons romandes à l’exception de celle de Crêtelongue en Valais ont rouvert leurs parloirs lundi dernier. L’association REPR (ex-Carrefour Prison) a fait un tableau sur son site internet avec les conditions qui varient d’une prison à l’autre (durée maximum, nombre de personnes admises, enfant ou pas, etc) (Source: REPR)

8h: Dans le journal Vivre Ensemble du mois de mai, un exemple concret de la politique de la conseillère fédérale K. Keller-Sutter (PLR) qui a choisi la poursuite des procédures d’asile, et donc des refus. On y lit le témoignage d’un requérant d’asile de 20 ans désespéré après avoir reçu une décision Dublin de renvoi vers la France alors qu’il était en quarantaine. Son compagnon de chambre a été testé positif au Covid-19. (Source: Asile(point)ch)

Mardi 12 mai

8h30: Comme à Nantes ou Toulouse hier, un rassemblement contre le retour à l’anormal est annoncé le samedi 16 mai à 11h devant le Centre hospitalier Arve Léman de Contamine-sur-Arve (Haute-Savoie). « Soutien aux Soignants qu’on applaudit depuis 2 mois, et qui vont maintenant avoir besoin de notre soutien actif pour revendiquer ce qui nous est tous dû: un hôpital public fort, des soins de qualité, des conditions de travail décentes, et des vrais salaires. En raison des conditions sanitaires actuelles, les rassemblements de plus de 10 personnes sont interdits. Cet interdit a probablement une vraie justification sanitaire, et par un heureux effet collatéral, il permet au gouvernement de nous empêcher de manifester. Vous êtes appelé.e.s à respecter strictement et ostensiblement les gestes barrières et la distanciation sociale. Il est également souhaitable que tout le monde porte un masque. » (source: chaîne de messages)

8h: Dans la NZZ du jour, un article sur la mauvaise gestion policière de la manifestation anti-confinement de samedi dernier. Le journaliste pense qu’il aurait fallu leur appliquer la même répression que lors du 1er mai ou contre la manifestation des « autonomes de gauche » (Linksautonome) en avril. (Source: NZZ)

Lundi 11 mai

13h: Le Temps publiait jeudi un article et un éditorial sur l’impact de la pandémie sur le marché de la santé en Suisse. Le marché de la santé a été construit, en Suisse, à marche forcée, entre 1980 et le début des années 2000. Aujourd’hui, l’essentiel des hôpitaux du pays sont des sociétés anonymes. Les produits que commercialisent ces sociétés consistent en une offre chirurgicale ultra-technique : pose de prothèses articulaires (+ 145 % de prothèses de genoux en dix ans), bypass gastriques, changement de valves cardiaques, ablation de la prostate, etc. Les robots qui assistent certaines de ces opérations, les infrastructures dans lesquelles elles se déroulent doivent être amortis et donc fonctionner à leur rendement maximum. Face à la pandémie, le Conseil fédéral a interdit ces opérations faisant perdre deux mois d’amortissement aux hôpitaux. Le 5 avril déjà, l’Hôpital cantonal des Grisons déclarait au TagesAnzeiger devoir emprunter pour payer les salaires.
Le Temps présente (malgré le titre [de l’édito]) la situation comme un problème collectif auquel il s’agirait de trouver une solution rationnelle. Or, il s’agit bien d’une lutte pour conserver les profits des actionnaires et les salaires du management des hôpitaux et des assureurs. C’est la voie choisie par Michel Guillaume, qui n’envisage qu’une piste : la couverture de ces centaines de millions de francs de déficit par la collectivité, via l’impôt ou via les primes d’assurances maladie. Guillaume réclame, dans l’édito, une baisse des primes et la dissolution des colossales réserves des caisses. Mais ces réserves, c’est bien par l’accumulation des primes qu’elles ont été constituées. C’est ainsi qu’après avoir vu leur temps maximal augmenté à 60 heures par le Conseil fédéral, les aides-soignantes hospitalières contribueront (en proportion de leurs revenus respectifs) en moyenne 100 fois plus au financement des hôpitaux que Pascal Couchepin ou Charles Kleiber. (source: Canal Telegram Détaché de presse)

12h: Contrairement à ce qu’on entend parfois, le statut de travailleurs·euses saisonniers n’a pas disparu en Suisse. La Liberté de samedi dernier cite une étude de 2014 selon laquelle « l’agriculture suisse a besoin d’environ 20 000 à 25 000 saisonniers étrangers chaque année. Ils viennent principalement de Pologne, du Portugal, de Roumanie et de France. » À Genève, un avion venu du Portugal a amené des saisonniers pour travailler dans les vignes: « 141 travailleurs portugais ont atterri à l’aéroport de Genève en provenance de Porto ». (source: La Liberté, 20 minutes)

10h: Plusieurs manifestations anti-mesures d’urgence ont eu lieu à Berne, Saint-Gall et Zurich samedi dernier. Les photos sont assez éloquentes à Berne (le plus grand rassemblement avec près de 500 personnes), on y voit des adultes de tout âge, des parents venus avec leurs enfants, des personnes en fauteuil roulant et des hippies qui font de la méditation. Sur les panneaux, des messages « non à la dictature de la santé », « vive l’amour et la liberté », ou « les médias sont le virus ». Les manifestants ont refusé de se disperser pendant plusieurs heures et ont fait exprès de se tenir proches et de s’embrasser. Aucune arrestation mais beaucoup de contrôles par la police, qui était sur les nerfs. Le chef de la police Reto Nause (PDC), artisan bien connu de la répression des manifestations à Berne, a déclaré à la tv « mon cœur saigne d’un point de vue épidémiologique ». Plusieurs manifestants évoquaient aussi la défense du système politique suisse (démocratie semi-directe) contre le pouvoir sur ordonnance du Conseil fédéral. Il s’agit d’une lame de fond germanophone puisqu’il y a eu des manifs anti-confinement le même jour en Allemagne. La Berner Zeitung souligne que cela n’avait rien à voir avec une manif habituelle car il n’y avait pas de sonorisation ni de slogans. Pour le 20 Minuten, c’est un certain Alec Gagneux (sorte d’Etienne Chouard alémanique) qui est derrière cette manif, une affirmation sujette à caution car il paraît clair qu’il n’y avait pas d’organisateur au sens où on l’entend habituellement. (Source: Der Bund, Berner Zeitung)

8h: Les CFF ouvrent les toilettes des gares au public, sans système payant. Il aura fallu une pandémie pour que tout le monde puisse se laver les mains gratuitement… (source: RTS La 1ère)

Dimanche 10 mai

16h: Dans la WOZ de jeudi dernier, un article sur la répression du 1er mai à Berne et Zurich et leurs justifications politiques. Non, le Conseil fédéral n’a pas demandé de dissoudre toute manifestation, la preuve la répression a été différente d’un canton à l’autre; Novartis veut se racheter une image en distribuant des doses d’hydroxychloroquine dans le monde; portrait d’un requérant d’asile d’origine guinéenne et membre de l’Autonome Schule Zürich qui coordonne des distributions de nourriture dans les foyers; les aides à domicile venues d’Europe de l’est se retrouvent sans revenu. (source: WOZ)

Samedi 9 mai

18h: Les assurances maladies continuent de se gaver, et même plus avec les effets collatéraux de la pandémie. Dans la TdG de vendredi, un article parle des problèmes financiers des jeunes mères qui doivent casquer pour leurs frais médicaux post-partum car les cabinets sont fermés. Normalement, « une couverture complète des soins est assurée par la LAMal pendant les cinquante-six jours qui suivent l’accouchement. Or les mères qui ont accouché aux mois de mars et avril se sont retrouvées devant des cabinets fermés par la crise sanitaire. Les assureurs, eux, ne veulent rien entendre: pas question de prolonger le délai de couverture. » Il n’y a pas de petits profits dans ce système sans foi ni loi (source: Tribune de Genève)

13h: Encore quelques détournements d’affiches « Merci » à Genève. « A la violence du système carcéral. A la direction de Champ-Dollon qui envoie au cachot les prisonniers qui manifestent pour des conditions sanitaires dignes », De nous faire découvrir la solidarité collective pour bientôt l’effacer sitôt les magasins ouverts », « Aux dirigeant.e.x.s et aux patron.ne.x.s pour qui nous protéger restent dans leurs résudences secondaire pendant que d’autres continuent à travailler pour leurs profits ».

12h: Les HUG et MSF ont fait une enquête samedi dernier dans la fille de plus de 2’000 personnes venues pour la distribution de colis alimentaires à la caserne des Vernets (Voir Suivi des 4 et 8 mai). Résultats : plus de 60 % n’ont pas d’assurance maladie et 52 % sont des personnes sans-papiers. Sur ces dernières, le chef du département de médecine de premier secours aux HUG dit : « Il y a en effet plusieurs milliers de personnes dans notre canton […] qui gardent nos enfants, qui font des ménages à nos domiciles, qui sont engagées dans la restauration mais sur des contrats extrêmement précaires […] elles n’ont aucune réserve financière, peut-être pour 2 ou 3 semaines mais pas au-delà ». Sont touchées, à présent, aussi « des personnes avec des permis de séjour, des personnes parfaitement intégrées ici, des mères célibataires, des personnes avec des petits emplois fragiles, à temps partiel qui sont […] en demande de chômage partiel ou d’aide sociale. Il y a pas un profil type mais un profil de plus en plus varié à mesure que cette marée de crise économique monte. » « Le médecin genevois appelle à un sursaut civique devant cette situation. Ceux qui le peuvent et « qui n’ont pas souffert économiquement de la crise doivent ressentir un devoir de solidarité envers ces personnes », dit-il. » Pour sa part, Le Silure appelle à un sursaut politique, mais aussi à une solidarité de classe, un changement de système et une régularisation de tou.te.s les sans-papiers ! (Source: Fil d’info RTS, Twitter @DariusRochebin)

11h: Alors que Thierry Apothéloz, tourne autour du pot au sujet de l’engagement du canton [de Genève] dans l’aide alimentaire, le gouvernement cantonal propose la semi-étatisation du… Salon de l’auto. Dans un entretien complaisant au Courrier, Apothéloz sautille d’arguties en solutions managériales. Il a fallu une distribution dans des conditions détestables pour les récipiendaires pour que le département de la soi-disant « cohésion sociale » s’avise que des gens n’avaient plus de revenu et pas d’indemnités ? C’est la faute à l’enchevêtrement communes-canton, à la confédération, au cadre légal plus strict, couine le pseudo-socialiste. Ses solutions : un groupe de travail et le « pilotage de la question alimentaire de façon globale ». Ni fromage, ni jambon : rien de très concret, comme dirait le président cocaïnomane de la République française. Pour le Salon de l’auto, en revanche : 17 millions sont dans les starting blocks sans groupe de travail ni comité de pilotage. (source: Canal Telegram Détaché de presse)

8h30: Lundi dernier, des citoyens ont publié un « appel pour un redémarrage humaniste de la Suisse ». Leur idée était de faire des happenings chaque jour à midi dans des grandes places en traçant autour de soi un carré de 4m2. La police a distribué des amendes à Genève pour non-respect de l’ordonnance sur les rassemblements et deux personnes ont même été embarquées le 6 mai devant la Gare Cornavin. Mardi, des jeunes de la Grève du climat ont été aussi arrêtés à Berne devant la session parlementaire, ils protestaient contre le renflouement massif de la compagnie aérienne Swiss. Amnesty International proteste. Un journaliste du Courrier à la recherche d’infos se fait mener en bâteau: « Le Conseil fédéral envisage-t-il de lever l’état d’urgence qui verrouille les libertés publiques et à quel rythme? A l’Administration fédérale, on se refile la patate chaude, du Département de l’intérieur au Département de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication, puis à la Chancellerie, avant un retour à l’Intérieur. » (source: Le Courrier, Tribune de Genève, Twitter @ag_bern, Twitter @klimastreik)

8h: Les récoltes de la Brigade de solidarité populaire Genève se poursuivent la semaine prochaine, lundi et jeudi 14h-18h devant l’Usine. (source: Page FB Action antifasciste Genève, Page FB Brigades de Solidarité Populaire)

Vendredi 8 mai

17h: Dans le Courrier du 1er mai dernier, petit article sur l’annonce de la création d’une « nouvelle faîtière syndicale libertaire » nommée Syndibasa. Ses membres viennent de Suisse romande et alémanique, il s’agit de l’Association Romande des travailleurs/euses de l’Installation Electrique (ART-IE), la FAU Bern, la Fédération syndicale SUD, le Gewerkschaft Basis 21, l’Interprofessionelle Gewerkschaft der ArbeiterInnen (IGA) et le Syndicat Autonome des Postier (SAP). Extrait de leur déclaration: « Nous sommes en rupture avec le syndicalisme institutionnel de paix du travail qui empêche le monde du travail de se défendre, de se construire comme puissance, d’imposer ses revendications et de faire avancer les choses. […] L’exemple le plus flagrant de cette dérive est sans doute la négociation de conventions collectives de travail menée sans mobilisation et sans construction de rapports de force » (source: Le Courrier, Sud-VD)

16h: Dans Le Monde de mercredi dernier, un article sur les distributions de colis alimentaires à la caserne des Vernets de Genève. « Les récipiendaires sont ces milliers d’« invisibles », sans-papiers le plus souvent, ou travailleurs précaires, qui exerçaient dans la restauration, sur les chantiers, comme nounous ou comme femmes de ménage. La crise du Covid-19 les a laissés sur le carreau : sans travail, sans ressource et souvent sans soins, en pleine pandémie, et confinés dans des logements surpeuplés. » (source: Le Monde, Le Courrier)

15h: Tag à Genève « Nos vies valent plus que leurs crédits » (quartier des Pâquis).

Jeudi 7 mai

18h: La police française serait-elle sur les dents? À Bourg-en-Bresse (dans l’Ain, département voisin de Genève), le RAID a arrêté le 27 avril une personne « membre de l’ultragauche » (sic) ainsi qu’une de ses connaissances à Corbas (région lyonnaise). Le tout « dans le cadre d’une enquête préliminaire pour « association de malfaiteurs en vue de commettre un crime ou un délit » et « infraction à la législation sur les armes », a indiqué le parquet de Lyon.» » Ils étaient soupçonnés de « préparer une action armée contre les forces de l’ordre », rien que ça ! Comme un petit fumet de fantasme policier dans l’air… La procédure a été classée deux jours plus tard par la justice. (Source: Le Progrès, Lyon Mag)

16h: Retour avec un peu de retard sur le 1er mai zurichois. Pas de cortège là-bas mais de nombreuses actions décentralisées dans la ville. De nombreuses photos et vidéos sont disponibles sur Twitter, on peut mentionner un peinturlurage en pleine journée du siège de Credit Suisse, des banderoles de solidarité un peu partout et des collages féministes. Des serrures d’appartement de luxe loués sur Airbnb ont aussi été bouchées avec de la colle. Il y a eu plusieurs tentatives de se rassembler en petits groupes avec des banderoles de plus de 2 mètres. Le communiqué du Revolutionäres Bundnis dit: « Nous avons [mené ce 1er mai] sous des formes diverses et adaptées afin de nous protéger et de protéger les autres en termes de santé, tout en rendant notre résistance visible dans les villes et les quartiers. » Coïncidence ou non, une conseillère d’Etat PS zurichoise réclame le lundi suivant au Conseil fédéral la levée de l’interdiction de rassemblement de plus de 5 personnes au nom de la reprise de la vie démocratique. (source: Twitter @revmob20, @ajour_mag et @sozialismus_ch, Revolutionäres Bündnis Zürich, Aufbau, Tages Anzeiger)

14h: Sur Renversé, le Collectif de réquisitions solidaires a posté une vidéo devant un immeuble vide dont il occupe 4 appartements à Genève. Situé au 4 rue des Maraîchers à la Jonction, ils sont la propriété de l’Hospice général qui laisse pas moins de 50 appartements vides ! Extraits du communiqué : « Ces occupations devaient permettre de loger 10 personnes jusqu’à la démolition des immeubles en question, [qui vivaient] jusque là entre les lieux d’accueil bas-seuil et la rue. Nous considérons que la “solution” actuelle avancée par la Ville de Genève pour loger les personnes les plus précaires pendant la crise sanitaire du COVID-19, à savoir la réquisition de la caserne des Vernets, n’en est pas une […] . Par ces occupations, nous proposons une alternative respectant les droits fondamentaux et la sécurité des personnes.» Le collectif rapporte que « quelques 337’000 m2 de surfaces commerciales actuellement inoccupées dans le canton de Genève (chiffres de juin 2019, OCSTAT) et de nombreux appartements et maisons voués à être détruits dans lesquels personne n’habite. Nous trouvons indispensable et légitime que des personnes en situation de précarité puissent bénéficier d’un logement à taille humaine, sans contrôle d’identité, dispositif de sécurité et autres contraintes mettant à mal les libertés fondamentales de chacun·e. . […] Au vu de la quantité d’espaces vides et habitables dont l’Hospice Général dispose ici, nous en appelons au bon sens et demandons leur mise à disposition sans plus attendre. » Dans l’attente, face au vide : réquisitions solidaires ! (Source : Renversé)

7h30: Dans La Tribune de Genève de lundi dernier, un article sur les mesures des patrons de l’hôtellerie pour décharger les coûts du confinement sur leurs employé-e-s. Des hôtels ont forcé les salarié-e-s à prendre des vacances et Unia Genève proteste à ce sujet. Un employé de l’hôtel 5 étoiles Four Seasons Hôtel des Bergues témoigne:  «Si on avait dû sacrifier quelques jours de vacances, j’aurais compris, mais là, ce sont des semaines qu’on nous a prises.» Mêmes problèmes au Mandarin Oriental et à l’Hôtel Mövenpick, une employée témoigne qu’elle a vu des « heures supplémentaires en négatif » sur sa fiche de paie. (Source: Tribune de Genève)

7h: La RTS partage les résultats d’un sondage publié aujourd’hui et réalisé par la société de conseil Deloitte : « En raison de la crise du coronavirus, près d’un cinquième des employés suisses estime qu’il est probable qu’ils perdent leur emploi et quasiment un quart des indépendants pensent qu’ils vont faire faillite […]. La situation au travail depuis la crise du coronavirus s’est détériorée pour 63% de tous les employés en Suisse […]. Plus de la moitié d’entre eux ont dû réduire leur temps de travail, 27% décompter des heures supplémentaires, un quart poser des congés par anticipation et 2% des employés ont même été licenciés. » Sans commentaires….(Source : RTS, Fil d’info)

Mercredi 6 mai

17h: La RTS réécrit déjà l’histoire. Dans La Matinale, un journaliste affirme qu’il n’y a pas eu de mutinerie dans les prisons suisses. « La maladie ne s’est pas propagée dans les prisons suisses, pas de mutineries non plus, mais une période de confinement difficile à vivre, suspension des visites oblige […] ». Faux, vendredi 3 et samedi 4 mars à la prison surpeuplée de Champ-Dollon à Genève, des détenus ont refusé de retourner en cellule après la promenade deux jours de suite (voir Suivi des 3, 4, 6, 8, 13.04 et le témoignage publié sur notre site). Par ailleurs, la journaliste introduit le sujet en disant : « «Et le coronavirus, toujours, qui pèse sur le moral des détenus. » A les écouter, ce n’est pas le coronavirus qui pèse sur leur moral mais l’enfermement, l’isolement, la peur d’être infecté et la maltraitance de cette institution répressive. C’est le mot « liberté » qu’ils criaient dans la campagne genevoise ces jours d’avril. Solidarité avec toutes les personnes incarcérées ! (Source : RTS La 1ère, La Matinale)

9h: La pauvreté ne tombe pas du ciel ni du Coronavirus : Interrogé sur la proposition d’un «hélicoptère monétaire », des bons de 500.- donnés par la BNS à chaque citoyen-nes suisses, le directeur de Caritas Vaud répond : « Ces aides-là ne toucheraient pas les personnes que nous aidons aujourd’hui puisque la plupart des gens que nous aidons n’existent pas sur une liste. » Il souligne ensuite l’un des mécanismes de la précarisation des sans-papiers en Suisse « qui fonctionnent et qui travaillent en dehors du système mais qui nous permettent, à nous, de travailler dans notre système. Ce ne sont pas des gens […] éloignés. Ils travaillent dans l’économie domestique, ils gardent nos enfants, ils nettoient nos ménages, etc. Ils soutiennent peut-être nos personnes âgées. Ces gens, certains d’entre nous sont leur patrons, si nous ne leur donnons pas l’enveloppe que nous avons l’habitude de leur donner, ils n’ont tout simplement pas de revenu. […] Si les patrons que nous sommes pour certains avaient payé ces gens, la fille [de personnes venues pour une distribution de nourriture] vue à Genève serait moins longue. » En réponse à la pauvreté organisée par le système néolibéral, un slogan approprié : « One solution! Revolution! » (Source : Forum, RTS La 1ère)

8h: De la première ligne au licenciement : Alors qu’il s’agit d’un secteur essentiel dans la crise du Covid-19, l’entreprise genevoise TN Technique du Nettoyage SA ne s’est pas gênée pour limoger plusieurs employés : « On n’a jamais arrêté de travailler, s’indigne [un des employés]. Même le samedi et le dimanche, il fallait y aller, effectuer des déménagements ou de la manutention, alors qu’on a un contrat de nettoyage. Et voilà qu’on nous licencie. On ne s’y attendait pas. » Dix jours après avoir appris leur licenciement, cinq employés ont eu vent que leur employeur avait déposé une demande de chômage technique, une aide publique dont l’objectif est, en cas de réduction d’activité, d’éviter les licenciements. Dans une action menée ce matin devant cette entreprise, le SIT dénonce également l’entreprise Pronet SA. Pourtant au bénéfice de la réduction de l’horaire de travail, celle-ci a obligé ses employé.e.s à poser des vacances au mois de mars. Le syndicat revendique une augmentation salariale ainsi que le payement par l’employeur des 20 % de salaire non perçus durant le chômage partiel car « la très grande majorité du personnel de nettoyage gagne moins de CHF 4’000.- par mois. Ainsi, le personnel mis au chômage technique n’arrive pas à subvenir à ses besoins les plus élémentaires » (Source : Tribune de Genève, SIT)

Mardi 5 mai

16h15: Des banderoles et une affiche, toutes à Genève.

16h: Au téléjournal, une caissière parle de son travail dans l’un des « deux géants » [de la grande distribution] durant la crise du Covid-19 : « On part au travail avec une crainte d’être contaminée parce que mes collègues qui sont dans les rayons sont directement exposés avec les questions des clients. Et nous, à la caisse, aussi, même si des mesures de protection ont été installées par la suite, le port de gants, le désinfectant, le plexiglas, vous avez toujours des gens qui viennent vers vous, que ce soit de côté ou en face, [pour] vous poser une question de très près. Cette peur existe toujours malheureusement. […] Les clients, ça va un peu mieux. Au début, je peux les comprendre aussi, c’était très difficile, très pénible. Parce que les gens allaient dans les magasins, ils ne trouvaient pas soit 1kg de sucre, de riz ou de farine, donc ils se sentaient un petit peu frustrés, un peu énervés parce qu’ils ne trouvaient pas cette marchandises. Et c‘est clair que c’était nous, à la fin, à la caisse qui devions accepter ces critiques ou un peu la colère de ces clients parce que justement ils ne trouvaient pas la marchandise. » Le personnel de vente, au front toujours les jours depuis le début de la crise, attend encore une prime réclamée par l’USS, nous apprend le journaliste. Quid d’une augmentation salariale ? (Source : 19:30, RTS 1)

10h: Action du syndicat étudiant CUAE vendredi dernier à Genève avec une banderole sur Uni Dufour « Examens maintenus, à quels prix? ». Les affiches placardées reprennent des témoignages d’étudiant-e-s en galère avec la pandémie et pointent du doigt le fait que la précarité joue à plein dans la réussite ou l’échec aux examens. « J’ai trois enfants de 1, 3 et 6 ans. Avec la fermeture des crèches, je les garde à la maison. Impossible de suivre les cours et on me demande de passer les examens, alors que je ne peux me permettre un semestre de plus », « j’ai été appelé à la PCi jusqu’à la fin mai. Je travaille les nuits dans un EMS. Dois-je choisir entre dormir ou réviser pour mes examens? ». Par ailleurs un réseau intercantonal a été formé avec des syndicats et associations d’étudiant-e-s de Lausanne et Neuchâtel avec un site web dédié action-education(point)ch. (source: Page FB CUAE, Silure)

Lundi 4 mai

19h: Retour sur le 1er mai à Bâle, seule ville suisse où il y a eu un cortège. Le communiqué posté sur Barrikade dit que 800 à 1000 personnes ont repris les rues et manifesté par petits groupes. Des contrôles ont eu lieu à la fin. Extrait : « Depuis le début de la crise du Corona, des tentatives ont été faites pour répercuter les coûts de la crise sur les conditions de vie. Nous devons maintenant lutter contre cela de manière décisive. » AufBau a également accroché des banderoles devant plusieurs hôpitaux à Bâle comme à Zurich et Winterthur en solidarité avec le personnel de la santé. « Avant la crise, le discours du côté politique était clair : les soins de santé sont trop chers. Il faut économiser, économiser, économiser […]. Et dès que le Corona est arrivé, la première mesure prise d’en haut a été d’abroger le droit du travail. En parallèle, le travail d’infirmier, souvent dévalorisé et mal payé, [… ] a reçu l’appréciation que ce travail mérite. Mais les mots, les applaudissements et le chocolat ne suffisent pas. Si nous voulons vraiment offrir des soins de qualité, si nous voulons mettre la vie des gens au centre de nos préoccupations, le système de santé doit être radicalement modifié. [… ] Nous devons nous battre ensemble : pour un service de santé publique de qualité et gratuit, dans lequel il n’y a pas de place pour une médecine à deux vitesses ni pour les intérêts du capital.» Cette manif du 1er mai a provoqué une réaction courroucée dans le journal bourgeois Basler Zeitung qui a déclaré qu’on ne pouvait pas être contre le capitalisme car c’est lui qui produit les masques (!) (Source: Barrikade, Twitter @mai_basel, Page FB Revolutionärer Aufbau Basel, Basler Zeitung, non traduit)

16h30: Plusieurs centaines de mètres de queue, trois heures d’attente, 1’300 colis alimentaires d’une valeur de 20 francs. A Genève, plus de 2’500 personnes se sont déplacées samedi dernier à la Caserne des Vernets nous rapporte Le Courrier dans un article intitulé « Le nouveau visage de la pauvreté ». La Caravane de solidarité est à nouveau à l’initiative de cette distribution [cf Suivi 20 avril]. Le directeur du Centre social protestant déclare « On ne peut pas parler de cette situation sans évoquer Papyrus (l’opération genevoise de régularisation des personnes sans-papiers, ndlr). On en a régularisé plus de 2000, leur nombre total est estimé à environ 10 000. On a donc 8000 personnes qui théoriquement n’ont droit à aucune aide et qui ont subi de plein fouet le ralentissement économique. » L’édito du Courrier critique l’inaction du gouvernement cantonal : « Ces personnes n’ont guère ému les autorités fédérales: elles ne sont pas concernées par les milliards prévus pour la relance économique, au prétexte que l’aide au secteur domestique est trop compliquée à mettre sur pied. Et au bout du lac, alors que le département du développement économique a lâché 100 ‘000 francs pour assister les restaurateurs désireux de faire livrer leurs repas à domicile, ce sont des initiatives privées qui pallient l’absence de soutien nutritionnel étatique aux plus fragiles. En ce moment, le silence du Département de la cohésion sociale de Thierry Apothéloz est assourdissant. […] Une main-d’œuvre dont personne ne veut voir le visage, et dont les autorités n’ont que faire du ventre qui crie. ». Dans le Temps une femme de ménage d’origine philippine témoigne «Nous parlons mieux l’anglais que le français. Pour cette raison, nous sommes les femmes de ménage, les nounous ou les domestiques des expatriés. Une de mes amies a perdu son emploi et du même coup son domicile.» (Source : Le Courrier, Le Temps)

16h15: Banderole aux fenêtres à Genève. « Le virus mortel c’est le capitalisme ». (source: Silure)

16h: reprise du Suivi après une petite pause. Retour sur le 1er mai genevois avec la fresque commune des Jeunes révolutionnaires, de l’Action antifasciste et du Secours Rouge sur la façade de l’Usine. « Seul le peuple sauve le peuple ». Extraits des communiqués: « Le patronat suisse et mondial annonce déjà des baisses de salaires, des extensions du temps de travail ou encore des réductions des assurances sociales. […] Pour ce premier mai 2020 nous voulons crier haut et fort notre refus de ce système qui privatise les bénéfices et socialise les pertes mais aussi montrer notre esprit combatif et notre solidarité internationale. » (source: Page FB Action antifasciste Genève, Page FB Secours Rouge Genève et Page FB JRG – Jeunes Révolutionnaires Genève, Page FB Feu au lac)

Vendredi 1er mai

13h: Collage ce matin à Genève dans la cour du Silure. « Multinationales, banques et patronat, covidons les coffres ! #NousNePaieronsPasVotreCrise ». À Genève, un 1er mai 2020 pluvieux et sans cortège. La période actuelle est critique; depuis le 16 mars et le début du semi-confinement, le Silure a modestement tenté d’apporter sa pierre aux discussions avec la publication de témoignages, de textes et d’un suivi en continu sur son site. Il va falloir garder son sang-froid mais aussi donner de la voix dans les mois à venir ! Le capitalisme ne peut régler les pandémies qu’à sa façon, les rapports de force restent nécessaires pour imposer d’autres choix en matière sociale et économique. À bientôt dans les rues, bon 1er mai à tout le monde ! (source: Silure)